One thousand, please…
« One thousand, please » S’il vous plaît, ne répétez plus cette phrase devant moi. Le prochain qui s’essaie risque d’avoir un sourire estropié pour dire bonjour à 2015…
Bonjour chères lectrices (vous savez que vous êtes chères à mon cœur), et chers lecteurs (euh vous…aussi). Une journée nous sépare encore de 2015, et je prie le ciel que cette année nouvelle nous trouve en bonne santé. J’ai essayé d’être un peu moins paresseux ces dernières semaines, alors priez pour moi, que mes nouvelles habitudes se perpétuent, je vous en supplie.
Et sinon, j’espère revenir sur mes vœux plus tard, mais que 2015 rapproche chacun de nous du but qu’Il (le barbu suprême) assigne à son existence sur terre, ou sinon nous permette de le découvrir. Moi je sens que cette année va m’aider à mieux me connaître, mieux vous connaître et être plus productif. Dites AMEN (ou ce que vous voudrez tant que c’est positif), et soyons bénis.
Avec le sourire…
Accra ma belle tu m’as manqué, allez, profitons de cette fin d’année et du passage de ma chérie sur ton sol pour nous retrouver. Alors sur un coup de tête « bien calculé », je prends mon sac à dos et direction…
Accra m’a manqué mais je dois avouer que ma dernière visite remonte à une éternité.
Ce que tout le monde sait, ou finit par apprendre à ses dépens, c’est que tous les étrangers désirant visiter la terre des présidents John, voisin de celui des GNASSINGBE, sont de véritables pigeons, ou des dindes (elles sont plus grosses, et on peut les manger en plusieurs fois).
– Maman, je vais à Accra. – Ah bon? C’est bien hein, mais une chose, les anglophones sont too smart, reste en alerte. Fais très attention, tu peux te faire voler des trucs à la frontière.
Les ghanéens smart? Of course, mais y en a qui te volent, alors que tu en as conscience, et sans que tu ne puisse te plaindre.
Je m’explique. Passeport togolais en main (en cours de validité, siouplaît), carte jaune en règle, je me présente au premier point de contrôle, en terre ghanéenne. La dame en uniforme me regarde sans me voir, la tête baissée, dans je ne sais quelle contemplation.
Ah oui, j’oubliais un truc. J’ai, dès mon arrivée à la frontière, gagné un chef protocole. Pour les besoins de la cause, je vais l’appeler André. Il s’est improvisé guide, me donnant plein de conseils, justes et avisés. Tu ne liras pas ces mots, mais Merci beaucoup, midase?? (je crois que c’est ça)
Mon fidèle chef de protocole m’avait donc dit : « Glisse 1000 F dans ton passeport « et attends.
Carte magnétique Ecobank (ne me parlez pas de panafricain) en poche et voulant éviter toute arnaque, je me suis déplacé avec en tout et pour tout 14000 CFA. Je n’avais que des pièces sur moi,deux pièces de 500 francs. Je les ai mises soigneusement en dessous de mon passeport, et j’attendais fièrement le fruit du racket légalisé dont je venais d’être victime, un tampon.
« One thousand point five » m’a telle gentiment répondu. Pendant que j’étais interdit, la bouche entrouverte, elle me traduisit son instruction en français: « J’ai dit 1500 F CFA, Sir ». Souriez, vous vous faites en*****.
Je lui remis 2000 francs que je gardais jalousement, et elle me rendit ma monnaie. Ne me demandez pas si un reçu m’a été délivré, je porte déjà des couches culottes. Allez sourions, Accra, me voici j’arriiiiive… Euh non, pas si vite, finalement.
Souriez, l’espoir fait vivre…
Vous avez à peine roulé 50 kilomètres que les services de l’immigration vous arrêtent. On descend gentiment, on prend sa pièce d’identité, et on avance.
Dans ce bureau, encore une fois, une dame (ça fait deux). Ceux qui détiennent un passeport passent en premier. Dieu merci, cette visite est « gratuite ». Enfin, pas pour ceux qui présentent une carte d’identité. Cinq cedis s’il vous plaît. Vous repasserez pour le reçu!
Allez c’est bon, plus de racket jusqu’à Accra. Le voyage vaut-il le racket? Oui, oui, quand vous avez des sous à dépenser. Je n’en avais pas beaucoup, mais on s’est fait plaisir, ma chérie et moi. Elle m’a mal gâté.
Bon ce n’est pas le sujet de cet article, mais je voudrais apporter une précision. Qui a dit que Ghanéen ne jetait pas les ordures en dehors des poubelles? Qui ?
Pire, j’ai vu un Môssieur pisser à la devanture du Novotel, il était en face de moi. C’était juste un peu avant que ma chérie et moi ne regagnions nos chambres. On a même senti des odeurs de choses plutôt solides pas loin. Ça c’était pour les précisions.
Qui s’est fait racketter… se fera racketter!!
A la fin de ce périple agréable et rempli de rencontres et de découvertes visuelles (je me suis régalé) en tous genres, je me devais donc de retourner à Lomé (Home, sweetest Home). C’est bien Accra, c’est beau Accra, mais je préfère Lomé, si vous me pensez fou, passez votre chemin.
J’ai mis un point d’honneur à vider mes poches de tout ce qu’il me restait sauf des cedis qu’il me fallait pour payer mon ticket retour. Je passe sur les péripéties du retour. Poste frontalier d’Aflao, me, again!!!
Poste de santé, douanes ghanéennes. Devinez de quel sexe est l’agent qui m’accueille à l’entrée. Encore une dame (ça fait trois).
Je me suis laissé berner par sa gentillesse, et son roulement de hanches.
Elle prend affectueusement mon passeport, passe derrière son « comptoir », demande ma provenance et… One thousand, Please!!
Je n’avais pas un rond, ou si, un billet de cinq mille CFA, caché au fond de ma chaussure, au fond d’une poche cachée de mon sac à dos.
Je vais faire comment? C’est payer ou payer… Je sors mon billet de 5000 F et le lui tend. Elle me remet ma monnaie, le business est florissant vous savez? Fallait voir les liasses.
Elle me demande ensuite quelle est ma profession.
– « Haven’t you seen it in my passport? » (j’étais assez énervé, je le reconnais).
– No !
– Ok, I’m a jurist, or however you call someone who has studied law! But if you want, you can write One thousand there, have a nice day.
Je sors de là, et il y avait un dernier policier ghanéen, un tout dernier avant d’être avec mes « mon pays« , je vous jure qu’ils m’ont manqué.
– ID card or passport please!
Je lui montre, il regarde, tout est en règle et il me dit : « Two cedis please! ».
– Sir, I have no cedi at all, nothing to give you.
Pendant ce temps, un de mes compatriotes voulait faire du zèle: oui, j’ai déjà payé là bas, c’est la même pièce d’identité, laisse moi passer.
J’ai entendu le policier répondre: Here is my office ooh, go tell ’em you’ve already paid, let ’em allow you to pass. Did they give you a receipt!
Eh Seigneur, la honte est passée où? Même le mendiant a de la dignité.
Moi il m’a fouillé pour voir si je n’avais pas de sous sur moi (sous que j’ai cachés bien sûr) et fouillé mon sac. Comme je le regardais faire, tellement j’étais dégoûté, il m’a laissé passer, à contre cœur, certes, mais gratuitement.
Morale de l’histoire, on accepte mieux de se faire racketter par les nationaux. Encore une promesse de politicards non tenue. Elle est passée où la libre circulation des biens et des personnes?
Mais maintenant que j’y pense, ils n’ont pas tout raté, au moins les devises circulent bien dans les poches policières, et ce d’un pays à un autre, sans passeport, ni visa.
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